je marche droit devant.
les arbres poussent rectilignes, rangés comme les lignes d’un cahier 24x32 ou comme des pieds de vignes dans le Médoc.
je marche sur les traces de saisons creusées dans la forêt, dans le silence épuisé des conversations, dans le souvenir des chutes qui s’accumulent.
les matins chantent une lumière froide, la chaleur des après-midi, et puis les couleurs s’éteignent avec la nuit, et puis le silence se referme sur les invisibles.
je marche depuis toujours sur les traces des enfances jouées aux billes, déchirées comme les feuilles désespérées jetées sur un sol éparpillé.
je marche en silence les mains dans les poches pleines de cailloux blancs que je jette sur ma route sans boussole.
je marche droit devant.
[résidence Tigre]
Stéphanie Cormier 2024